Aventurier du dimanche …

Le Père de Foucauld disait : “quand on part en disant qu’on va faire une chose, il ne faut pas revenir sans l’avoir faite”.  Ce dimanche matin, je décide pourtant de partir sans vraiment savoir quoi faire, comme ça, je pourrai revenir quelque soit l’issue de la journée sans avoir à justifier le fait de rentrer bredouille. Je pars en vélo sur la route de San Salvador de Jujuy, mon sac, mon trépied et deux boîtiers au cas où … La route doit être touristique, je trouverais donc des petites “tiendas” sur le chemin pour y acheter de quoi satisfaire ma soif. La sortie de Salta est silencieuse. C’est dimanche, les chauffards roupillent et seuls les chiens grognent après les roues de vélo. La banlieue est moche et les murs sont couverts de promesses électorales ayant fleurit à la veille des législatives d’Octobre. Le foot et la politique sont les deux mamelles de l’Argentine. Enfin, apparaissent les chefs d’oeuvres muraux de Jesus Flores Walpaq et d’autres de ses comparses qui illuminent les derniers murs de la ville et les piliers des premiers échangeurs du périphérique. Les oeuvres de Flores Walpaq … je m’amuse à les shooter de dessous puis de dessus l’asphalte. Les ombres découpent les fresques colorées faisant ressortir un bras ou un oeil aux couleurs bigarrés de la grisaille du macadam. Puis suivent des terrains vagues, jonchés d’épaves (taudis de tôles ondulées et voitures, essentiellement de marque française – 4L, R12, 504) … pas très bucolique ce début d’étape. Mais je n’ai pas le choix, comme le souffle d’une bombe H, la misère et la crasse s’installent en ondes concentriques autour de la capitale salteña qui n’a de présentable que son minuscule centre historique.

500 mètres de dénivelé dissimulé derrière un gentil faux-plat m’attendent sur 25km jusqu’au village de la Caldera où trône un christ de 26 mètres de haut construit en un jolie béton gris, au pied duquel un couple en mal de ballade carioca, se prend en photo à bout de bras, en plein contre-jour. Je redescend vers le village où l’avenue principale s’est soudainement emplie de 4×4 rutilants conduits par des gauchos modernes coiffés de sombreros propres (sans doute celui du dimanche). Je fuis ce rendez-vous de la Jet Set agricole locale et enfile une rue pavée qui me conduit au stade où se joue un match de foot-ball sur un terrain sec comme un coup de trique et où 22 gusses soulèvent chacun leur nuage de poussière. Fait important à noter, l’équipe des verts a pour avant-centre un nain. Pourtant, son nuage de poussière est aussi gros que celui des autres, il court bien le bougre. Je trouve enfin, une petite terrasse ombragée tenue par une vieille dame qui me prépare une demi-douzaine d'”empenadas” brûlants. La boisson locale, le Coca servit en Double Magnum n’a aucun mal à étancher ma soif et le piquant du “aji” local.

Ironie du hasard, une table est déjà occupée par deux cyclistes (des vrais, aux mollets aussi volumineux que les sacoches équipant leur monture). L’un est anglais, l’autre polonais. Comme moi, ils sont partis ce matin de Salta. Là s’arrête toute comparaison. Je me sens soudain ridicule avec mes pâles guiboles et mon short à fleurs car les deux sont des accrocs du biclou. L’anglais arrive d’Ushuaïa (d’où il est partit en décembre dernier) et se rend en Colombie (un peu plus au Nord que San Salvador Jujuy, d’environ 3500km !). Le Polonais est partit du Brésil et ne sait pas où il va. Je ne les quitte pas sans leur demander quand est ce qu’ils pensent arriver à destination. Le flegme dans la réponse du british : “j’ai informé ma famille que je serai de retour à Noël mais je ne leur ai rien promis ….”. Le polonais qui ne sait pas où il va, ne sait bien sûr pas quand il rentrera … “se hâter est le plus sûr moyen de ne pas arriver” disait Sepuvelda.

La récompense d’un aller en faux-plat est un retour de vrai bonheur. Je suis de retour à Salta, trop vite peut être L1005994-Modifier-2 L1005946-Modifier-2 L1005985-Modifier-2-Modifier

L1005908-Modifier-2

 

Leave a Reply

Fill in your details below or click an icon to log in:

WordPress.com Logo

You are commenting using your WordPress.com account. Log Out /  Change )

Facebook photo

You are commenting using your Facebook account. Log Out /  Change )

Connecting to %s

%d bloggers like this: